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Presque 2 siècles plus tard, 30 ans après la révolte des Bonnets Rouges, dans les dernières années du règne de Louis XIV, les Bretons prennent conscience de l'exploitation éhontée à laquelle ils sont soumis par le pouvoir central. Les régimes d'exclusivité d'importations attribué aux ports de Calais et de Valéry/Somme par le gouvernement et les guerres de la France contre le reste de l'Europe a ruiné le commerce exterieur breton (notamment avec l'Angleterre), le coût de la vie et les charges fiscales ne cessent d'augmenter tandis que les ressources du peuple diminuent. Devant cette situation, l'esprit de résistance à la centralisation se réveille avec violence. Auteur de libelles, magistrats du Parlement, députés des Etats brandissent le traité de 1532, en dénoncent les violations et réclament à voix de plus en plus forte le respect des franchises et libertés de la Bretagne. En 1717, conscients de la nécessité de prendre des mesures pour éviter la ruine totale du pays, les Etats refusent de voter le don gratuit réclamé par le roi. Montesquiou, le commandant en chef, représentant du pouvoir central décide alors de dissoudre l'assemblée! Le parlement de Rennes fait alors porter ses remontrances: "La dissolution des Etats porte atteinte au traité d'union de la Bretagne à la couronne qui est le titre nous unissant à la France". Le régent doit capituler et rappelle les Etats. De nouveaux incidents éclatent quand le conseil du roi se permet d'annuler une décision des états interdisant des taxes sur les boissons. Le Parlement interdit sous peine de poursuite de percevoir en Bretagne des impôts non autorisés par les Etats. Le Conseil royal envoie la force publique rayer sur les registres du Parlement les arrêts interdisant la perception de ces taxes. Le conflit a pris un tour très grave: seul le haut clergé et la haute noblesse se désintéressent des droits et libertés de la Bretagne. Le reste de la population s'indigne de plus en plus vivement des empiètements du pouvoir parisien. A la mi-septembre 1718, des gentils-hommes fondent une union pour la défense des droits et privilèges de la province de Bretagne. Pendant l'automne, l'Acte d'Union recueille près de 600 signatures. En avril 1719, ils décident de solliciter l'aide du roi d'Espagne, ce qui est grave car la France est en guerre avec l'Espagne. Le chef de la conjuration est à ce moment là le marquis de Pontcallec. De tous côtés la Bretagne s'agite, il faut faire intervenir les troupes pour faire payer l'impôt aux paysans, des révoltes éclatent dans la presqu'île guérandaise, à Blain, à la Roche-Bernard. Quand aux conjurés, ils attendent le débarquement promis des Espagnols pour aller prendre le Faouët, Carhaix et Quimper, mais ceux-ci tergiversent et perdent leur guerre contre la France. Les conjurés perdent espoir et des trahisons aidant, les dirigeants Pontcallec, Montlouis, du Couëdic et Talhouët-Le Moyne sont arrêtés et décapités le 26 mars 1720 à Nantes, sur la place du Bouffay. Ainsi se terminait en tragédie une aventure qui, jusque-là, avait plutôt manqué de sérieux. Le peupe breton ne s'était pas senti concerné, malgré des objectifs qui lui tenait à coeur: l'abolition des impôts abusifs, le rétablissement des libertés bretonnes, voire l'institution d'une République Bretonne. Mais la mort a fait d'eux des martyrs désormais dans la mémoire populaire leurs noms resteraient ceux de purs héros de l'épopée nationale. La tradition orale métamorphosait même le marquis quadragénaire dur aux petites gens en un beau jeune homme de vingt ans, secourable aux malheureux.
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