Concept
L'équipe
Emissions
Histoire
Contes
Interviews
Disques
Livre d'or
Contacts

La conspiration de Pontkalek


Pour comprendre les motifs de la conspiration que dirigea le marquis de pontcallec au début du XVIII ème siècle, il faut revenir au traité d'union de 1532. Il faut savoir que la Bretagne n'a pas été annexée à la France après une défaite militaire, ni par les mariages de la duchesse Anne avec les rois français.

L'unité de la Bretagne et de la France a été votée par le parlement de Bretagne siègeant à Rennes. Ses motivations étaient que de toute façon, pour avoir la paix, la Bretagne devait se faire un allié de la France et vu que celle-ci était sans cesse aggressive et avait une volonté hégémonique, et que le roi corrompait avec largesse les parlementaires, ils finirent par voter en 1532 l'Edit d'Union, celui-ci spécifiant qu'il ne serait jamais porté atteintes aux privilèges, exemptions, franchises et libertés octroyés aux bretons par leurs ducs, et ils continueraient à en jouir à perpétuité sous réserve seulement des modifications que proposeraient les Etats de Bretagne dans l'intérêt du pays.


Presque 2 siècles plus tard, 30 ans après la révolte des Bonnets Rouges, dans les dernières années du règne de Louis XIV, les Bretons prennent conscience de l'exploitation éhontée à laquelle ils sont soumis par le pouvoir central. Les régimes d'exclusivité d'importations attribué aux ports de Calais et de Valéry/Somme par le gouvernement et les guerres de la France contre le reste de l'Europe a ruiné le commerce exterieur breton (notamment avec l'Angleterre), le coût de la vie et les charges fiscales ne cessent d'augmenter tandis que les ressources du peuple diminuent.

Devant cette situation, l'esprit de résistance à la centralisation se réveille avec violence. Auteur de libelles, magistrats du Parlement, députés des Etats brandissent le traité de 1532, en dénoncent les violations et réclament à voix de plus en plus forte le respect des franchises et libertés de la Bretagne.

En 1717, conscients de la nécessité de prendre des mesures pour éviter la ruine totale du pays, les Etats refusent de voter le don gratuit réclamé par le roi. Montesquiou, le commandant en chef, représentant du pouvoir central décide alors de dissoudre l'assemblée! Le parlement de Rennes fait alors porter ses remontrances: "La dissolution des Etats porte atteinte au traité d'union de la Bretagne à la couronne qui est le titre nous unissant à la France". Le régent doit capituler et rappelle les Etats.

De nouveaux incidents éclatent quand le conseil du roi se permet d'annuler une décision des états interdisant des taxes sur les boissons. Le Parlement interdit sous peine de poursuite de percevoir en Bretagne des impôts non autorisés par les Etats. Le Conseil royal envoie la force publique rayer sur les registres du Parlement les arrêts interdisant la perception de ces taxes.

Le conflit a pris un tour très grave: seul le haut clergé et la haute noblesse se désintéressent des droits et libertés de la Bretagne. Le reste de la population s'indigne de plus en plus vivement des empiètements du pouvoir parisien.

A la mi-septembre 1718, des gentils-hommes fondent une union pour la défense des droits et privilèges de la province de Bretagne. Pendant l'automne, l'Acte d'Union recueille près de 600 signatures.

En avril 1719, ils décident de solliciter l'aide du roi d'Espagne, ce qui est grave car la France est en guerre avec l'Espagne. Le chef de la conjuration est à ce moment là le marquis de Pontcallec. De tous côtés la Bretagne s'agite, il faut faire intervenir les troupes pour faire payer l'impôt aux paysans, des révoltes éclatent dans la presqu'île guérandaise, à Blain, à la Roche-Bernard. Quand aux conjurés, ils attendent le débarquement promis des Espagnols pour aller prendre le Faouët, Carhaix et Quimper, mais ceux-ci tergiversent et perdent leur guerre contre la France. Les conjurés perdent espoir et des trahisons aidant, les dirigeants Pontcallec, Montlouis, du Couëdic et Talhouët-Le Moyne sont arrêtés et décapités le 26 mars 1720 à Nantes, sur la place du Bouffay.

Ainsi se terminait en tragédie une aventure qui, jusque-là, avait plutôt manqué de sérieux. Le peupe breton ne s'était pas senti concerné, malgré des objectifs qui lui tenait à coeur: l'abolition des impôts abusifs, le rétablissement des libertés bretonnes, voire l'institution d'une République Bretonne.

Mais la mort a fait d'eux des martyrs désormais dans la mémoire populaire leurs noms resteraient ceux de purs héros de l'épopée nationale. La tradition orale métamorphosait même le marquis quadragénaire dur aux petites gens en un beau jeune homme de vingt ans, secourable aux malheureux.



Le Texte

1. Eur werzenn nevez zo savet;
Traetour, a, malloz dit-ta
War varkiz Pontkalek eo graet.
Traetour, a, mallozh dit, mallozh dit!
Traetour, a, mallozh dit-ta!
2. War varkiz yaouank Pontkalek
Ken koant, ken drant, ken kalonek!
3. Mignon e oa d'ar Vretoned
O veza anezo ganet,
4. O veza anezo ganet,
Hag etrezo oa bet maget.
5. Mignon e oa d'ar Vretoned,
D'ar vourc'hizien ne laran ket;
6. D'ar vourc'hizien ne laran ket;
'Zo a-du gant ar C'hallaoued;
7.'Zo atao 'kas gwaska ar re
N'ho-deus na madoù na leve,
8. Nemed poan o divrec'h noz-deiz
Evid maga o ziegezh.
9. Laket e-devoa en e benn
Dizamma deom-ni or hordenn;
10. Gwarizi-tag d'ar vourc'hizien
O-deus laket priz war e benn.
11. Aotrou Markiz, deut da guzhad;
An tu a zo ganto kavet!
1. Une complainte nouvelle a été composée
Au sujet du Marquis de Pontcalec.
Traitre, ah, malheur sur toi
Sois donc maudit, traitre
2. Sur le jeune marquis de Pontcalec
Si beau, si gai, si courageux!
3. Il aimait les Bretons
Car il était né parmi eux.
4. Car il était né parmi eux
Et avait été élevé parmi eux.
5. Il aimait les Bretons,
Mais non pas les bourgeois.
6. Mais non pas les bourgeois
Qui sont tous du parti français.
7. Qui cherchent toujours à nuire
A ceux qui n'ont ni biens, ni rentes.
8. A ceux qui n'ont que la peine de leurs bras
Jour et nuit, pour nourir les leurs.
9. Il avait formé le projet
De nous décharger de notre fardeau.
10. Grand sujet de dépit pour les bourgeois
Qui ont mis sa tête à prix.
11. Seigneur marquis, cachez-vous,
Ils ont trouvé le moyen de vous perdre!