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La bataille de Saint Aubin du Cormier


Revenons sur le contexte historique de la première bataille de St Aubin du Cormier:

En cette fin du XV éme siècle la France lorgne de plus en plus vers la Bretagne... Cette convoitise n'est pas nouvelle, depuis toujours les rois de France n'ont eu de cesse d'affaiblir le pouvoir ducal en Bretagne, et Louis XI mène sa politique avec une habileté machiavélique ! Le traité de Guérande ayant mis fin à la guerre de succession qui avait ravagé la Bretagne un siècle plus tôt, stipule que les Penthièvre hériteraient du duché si les Montfort n'avaient pas de descendant mâle. François II n'ayant que deux filles, Louis XI s'enquit de racheter les droits de la maison Penthièvre et s'opposa à l'établissement d'Anne à la tête du duché.

La Bretagne n'est pas préparée à un nouveau conflit. En effet, le pays traverse une crise économique qui force François II a puiser dans les dernières ressources du duché pour entretenir son armée.

La France, elle, a restauré sa puissance: débarrassée de sa voisine la Bourgogne et en paix (provisoirement) avec l'Angleterre, elle peut désormais se consacrer toute entière à l'anéantissement de la Bretagne ! Louis XI a habilement renforcé l'autorité de la Couronne de France à coups d'intrigues, de ruses et d'alliances.


Soudoyant sans aucuns scrupules les barons de Bretagne jaloux du pouvoir ducal, les ralliant à sa cause en leurs promettant titres et domaines, il affaiblit du même coup l'autorité du Prince de Bretagne. François II est trahi de toute part, les espions français organisent et trament des débuts de révoltes, pour les évêques bretons, conseillers ducaux, Rohan, Rieux, l'or fait le reste...

En mai 1487, encouragé par des barons bretons lorgnant sur le pouvoir ducal, Louis XI attaque la Bretagne et s'empare rapidement d'Ancenis, Châteaubriand, Clisson, la Guerche, Redon, Ploermel et Vannes. La capitale nantaise se trouve ainsi isolée et assiégée.

Mais si les grands seigneurs - Rieux, Rohan, Avagour - ont officialisé leur félonnie par le traité de Montargis, le peuple, la petite noblesse, la bourgeoisie eux se dressent pour défendre la patrie. Armés de faux, de fourche, de hâches, paysans et marins accourent de toute la Bretagne au secours de leur souverain. La milice bourgeoise, fortement organisée est bien décidée à résister jusqu'au bout.

De plus Nantes, puissament fortifiée est pourvue d'une excellente artillerie, et ne peut être investie par l'armée française, en raison de son étendue, que de deux côtés, au Sud et à l'Est, gardant donc la possibilité de recevoir des renforts et des vivres. C'est ainsi que la capitale parvient à repousser les assauts français.

Verts de rage et parce qu'ils ont un peu peur, les français décident de remonter vers le nord, prennent Vitré et décident en octobre 1487 d'attaquer Saint Aubin du Cormier.

La prise fût facile, une partie de la garnison de Saint Aubin étant mobilisée auprès de François II et des habitants ayant fuis, effrayés par les sacages de l'armée française.

Si l'année 1487 a vu beaucoup de places fortes tomber sous le joug de l'ennemi français, en ce début 1488, la Bretagne se relève et reprend espoir en même temps que des places fortes aux méchants envahisseurs français qu'on leur avaient rien fait d'abord.

En avril 1488, la campagne reprend, les français fortement armés (artillerie, cavalerie lourde) se jettent sur les places bretonnes encore fidèles, Fougères voit ses murailles tomber sous les coups terribles de l'artillerie française.

Apprenant le 26 juillet la prise de Fougères, l'armée bretonne levée par François II pour défendre cette ville se dirige vers St Aubin. Pour préserver cette place forte conquise l'année précédente de l'avancée bretonne , l'armée française s'y dirige également.

Il n'y a pas de gagnant à cette course: les deux armées se rencontrent au Nord Ouest du château. La bataille de Saint Aubin du Cormier se profile.

La bataille


L'armée bretonne part d'Orange le lundi 28 au matin et à 2km et demi de St Aubin arrive face à une vaste lande qui porte encore aujourd'hui le nom de « Lande de la rencontre » bordée à l'ouset par la forêt de haute Sèvre, à l'est par le bois d'Usel, au sud par le p'tit ruisseau de l'étang d'Ouée, au nord par les côteau formant la ligue du sillon de Bretagne. Une position admirable et unique pour une grande bataille. Les courts ajoncs et la bruyère rose des landes allaient boire à flot le sang breton.

Le 28 juillet 1488, deux heures de l'après-midi: dans le camp breton, l'on est déjà prêt au combat. On voit déboucher et arriver sur la lande l'armée française qui ne se pas qu'elle est surprise. Quelle aubaine! Malheureusement, les grands chefs de l'ost ducal tergiversent et tiennent conseil de guerre au lieu de profiter de l'avantage de l'effet de surprise.

Se sont les français qui donne l'assaut par une intense canonnade qui creuse de nombreux vide dans les ranges de notre infanteire. Mais, après avoir repoussé les premières charges de l'avant garde française, les troupes bretonnes se lancent à l'attaque.

Le choc est terrible. S'ils sont inferieurs en nombre, les bretons se battent avec plus d'acharnement parce que la survie de leur patrie est en jeu. Ils font preuve d'un courage désespéré. Bientôt ils prennet l'avantage, l'ennemi commence à reculer.

Il s'en faut de peu que la victoire reste de leur côté et le cours de l'histoire de Bretagne en aurait été singulièrement changée.

Mais une erreur du chef des Allemands Blair fait tourner la chance: pour mettre ses hgommes à l'abris des tirs d'artillerie ennemis qui les ont durement éprouvés, il opère un replis derrière une légère élévation de terrain. Ce faisant, il ouvre une large faille dans la ligne de bataille.

Le chef de la cavalerie Napolitaine en profite aussitôt et lance ses 400 cavaliers dans la brêche. Les fers vetis bousculent les rangs de l'infanterie bretonne, permettant à LA TREMOILLE (le chef de l'armée française) d'écarteler le dispositif de Rieux.

Pendant une heure encore le combat fait rage. Luttant pied à pied, archers et fantassins bretons se font tuer sur place par milliers. Au milieu d'eux, on voit se battre à pied, comme eux, les princes étrangers, Louis d'Orléans et le prince d'Orange qui entendent montrer ainsi que même si cela doit leur couter la vie, ils resteront fidèles jusqu'au bout à la Bretagne qui les a accueillis.

L'héroïsme des soldats de Bretagne succombant sous le nombre a sauvé l'honneur mais la bataille est perdue.

Toute la lande de Saint Aubin du Cormier est gorgée de leur sang. Et l'ignoble La Trémoille fait trancher la tête le soir même aux chevaliers qui ont été fait prisonniers. Au total 6000 combattants de l'armée ducale ont perdu la vie en cette funeste journée, ce qui représente un soldat sur deux tandis que les français n'ont perdu que 1500 hommes.

Epilogue


La Bretagne est battue... Le duc François II doit se résoudre à signer le Traité du Verger. François II ne peut supporter l'affront et meurt le 9 septembre, rongé par le chagrin et la fatigue... Anne succède à son père sur le trône de Bretagne. Le pays est dévasté. Ruine et misère sont le lot de toute une population en proie aux rapines et saccages des routiers de tous camps…

La jeune duchesse tentera de sauver ce qui peut l'être encore ! En France Charles VIII devenu majeur reprend les hostilités et met le siége devant Rennes, obligeant la souveraine bretonne à s'unir avec lui, cependant la Bretagne conserve son autonomie et sa souveraineté propre.

Plus tard encore, lors de son second mariage, Anne obtiendra la confirmation et l'élargissement des intérêts du duché, son habile gestion ramène la prospérité…Mais à sa mort (lundi 9 janvier 1514) la Bretagne n'est plus défendue !

Claude sa fille, anéantira tous ses efforts d'un trait de plume, François Ier achetant les membres les plus influents des États de Bretagne mettra fin à la souveraineté de la Bretagne par le Traité dit du Plessis Macé (1532).